27/2/24

La protection sociale comme vecteur de compétitivité

Dans le contexte économique contemporain, où la concurrence est de plus en plus vive, les entreprises sont en quête perpétuelle de leviers pour renforcer leur compétitivité. Si l'innovation, l'efficacité opérationnelle ou encore l'expansion géographique demeurent des axes majeurs, un autre levier, parfois négligé, se révèle être d'une importance cruciale : la protection sociale. Elle s'avère être un outil stratégique de premier ordre pour les entreprises soucieuses de leur positionnement sur le marché.

1. Attirer et fidéliser les talents

Dans un environnement RH où la guerre des talents fait rage, la protection sociale peut être le facteur différenciant. Plus que le salaire, les candidats évaluent aujourd'hui la qualité des avantages sociaux offerts. En tant que RH, il est donc essentiel de réaliser régulièrement des benchmarks pour s'assurer que les prestations offertes sont compétitives. De plus, l'implémentation de programmes de bien-être ou de télémédecine peut apporter une réelle valeur ajoutée.

La Protection Sociale Complémentaire comme avantage concurrentiel

Selon une étude de la Direction de la Recherche, des Études, de l'Évaluation et des Statistiques (DREES), une solide Protection Sociale Complémentaire (PSC) peut constituer un avantage concurrentiel majeur dans la quête des talents les plus prometteurs.

En outre, une PSC de qualité renforce également l'image de l'entreprise. Autrefois, l'aspiration était de travailler pour de grandes entreprises ; aujourd'hui, le rêve est de rejoindre une société profondément engagée en matière de Responsabilité Sociale des Entreprises (RSE). Un meilleur accès aux soins a des répercussions positives sur la réputation et l'image de l'employeur, ce qui se révèle être un atout considérable dans la compétition pour attirer et conserver les meilleurs talents.

2. Booster la productivité, limiter l'absentéisme tout en protégeant la santé

Un employé serein quant à sa couverture sociale est un employé qui sera plus engagé et productif. Un bon système de protection sociale réduit les absences prolongées. Les RH peuvent mettre en place des programmes de prévention, des ateliers de sensibilisation ou des partenariats avec des structures de soins pour accélérer la prise en charge des employés.Les RH doivent donc instaurer un dialogue continu avec les salariés pour s'assurer que leurs besoins en matière de protection sont correctement couverts, et adapter les offres en conséquence.

L'évolution des dépenses de santé en France

Entre 1950 et 2022, les dépenses de santé en France ont connu une croissance soutenue, dépassant régulièrement le rythme de croissance annuelle du Produit Intérieur Brut (PIB). Cette tendance a conduit à une augmentation significative de la part de la Consommation Totale des Soins et Biens Médicaux (CSBM) dans le produit national brut, passant de 2,5 % à 8,9 % du PIB.

L'évolution croissante de ces dépenses a orienté la politique de santé publique dès le milieu des années 80, prenant un tournant plus prononcé après 2005. Les différents gouvernements ont ainsi cherché à renforcer la régulation des dépenses de santé, conscient de l'impact économique et budgétaire de cette dynamique.

Bien que l'assurance maladie demeure le principal financeur de la CSBM en 2022, prenant en charge 79,6 % de l'ensemble, les organismes complémentaires occupent une place de plus en plus prépondérante en tant que second financeur, contribuant à hauteur de 12,6 %.

3. Améliorer l'image employeur

Au-delà de la simple protection, une politique sociale solide renforce la marque employeur. Il est donc judicieux pour les RH de communiquer activement sur ces avantages, à la fois en interne pour renforcer l'engagement, et en externe pour attirer des talents, surtout dans ce contexte d'inflation.

L'évolution des avantages sociaux en entreprise

Dans un contexte économique en constante évolution, 42 % des entreprises éprouvent des difficultés à proposer des avantages sociaux concurrentiels à leurs salariés. De plus, 91 % des employeurs perçoivent un changement dans les attentes de leurs collaborateurs. Une observation justifiée par le fait que 46 % des salariés estiment que la pandémie de COVID-19 a suscité une réévaluation de la valeur des avantages sociaux offerts par leur employeur. En effet, la Qualité de Vie et des Conditions de Travail (QVCT) a pris un place prépondérante au sein des entreprise ces dernières années.

La santé et le bien-être des salariés se positionnent désormais comme des atouts stratégiques au sein du paysage économique contemporain. En effet, un employé en bonne santé, correctement protégé, se révèle généralement plus engagé, productif et fidèle. Ainsi, une meilleure protection sociale complémentaire s'impose comme un facteur déterminant pour attirer et retenir les talents, au-delà des seules considérations salariales. Le bien-être au travail est devenu un élément clé, il joue un rôle essentiel dans le maintien des liens sociaux au sein de l'entreprise.

4. Anticiper les évolutions légales et sociétales

Être proactif face aux changements réglementaires ou aux nouvelles tendances en matière de protection est un impératif. Les RH doivent donc se tenir informés, par le biais de formations, de veilles, d'outils innovants ou de partenariats avec des experts, pour adapter en temps réel leurs politiques.

Désengagement de l’état au profit des complémentaires

Une transition de responsabilité s'opère progressivement, avec pour exemple le Projet de Loi de Financement de la Sécurité Sociale 2023 (PLFSS). Initialement prévu à 300 millions d'euros, ce transfert de charge de l'Assurance Maladie vers les organismes complémentaires s'élèvera en réalité à 500 millions d'euros. Cette évolution entraînera une augmentation notable des Primes de la Sécurité Complémentaire (PSC) pour l'année 2023, avec des estimations évoquant une majoration des PSC de l'ordre de 10 à 15 %.

Ces réajustements dans le financement de la Sécurité Sociale exercent une pression accrue sur les entreprises pour fournir une PSC efficace à leurs employés. La PSC devient ainsi un enjeu stratégique au sein des entreprises, qui doivent concilier le maintien d'un avantage social en matière de frais de santé et de prévoyance tout en restant compétitives et attractives.

Cette transformation du paysage de la santé en France génère des défis complexes pour les acteurs publics et privés, les incitant à repenser leurs stratégies en matière de protection sociale et à rechercher des solutions innovantes pour garantir la qualité des soins tout en assurant la viabilité financière du système.

5. L'analyse du retour sur investissement de la Protection Sociale Complémentaire (PSC)

Lorsqu'une entreprise envisage d'améliorer sa Protection Sociale Complémentaire (PSC), il est non seulement possible, mais recommandé, de calculer le Retour sur Investissement (ROI) associé. Cette démarche implique de prendre en considération non seulement les coûts inhérents à la PSC, mais également les avantages potentiels qu'elle peut offrir.

L'évaluation du ROI, une évaluation crutiale

Le calcul du ROI peut être effectué en utilisant différentes mesures, à la fois quantitatives et qualitatives :

Mesures Quantitatives :

  • Mesures Directes : Comprend la réduction des coûts liés à la gestion de l'absentéisme, des arrêts maladie, des coûts de remplacement des salariés absents, de la formation de leurs remplaçants, ainsi que des coûts liés au turnover.
  • Mesures Indirectes : Englobe l'augmentation de la productivité grâce à une meilleure santé des salariés, l'amélioration du moral et de l'engagement des employés.
  • Comparaison : Consiste à calculer le coût total de la mise en place et du maintien de la PSC, puis à le comparer aux économies réalisées grâce aux avantages précédemment mentionnés.

Mesures Qualitatives :

  • Attractivité : Implique une évaluation de la perception de l'entreprise par les candidats potentiels et les employés existants, souvent réalisée au moyen d'enquêtes ou d'entretiens.
  • Marque Employeur : Englobe l'analyse de l'impact de la PSC sur la réputation de l'entreprise sur le marché du travail.
  • Satisfaction des Employés : Consiste à mesurer la satisfaction des salariés par rapport à la PSC, ainsi qu'à évaluer comment elle influence leur engagement et leur fidélité à l'entreprise.

En somme, la protection sociale, bien plus qu'une simple obligation légale, est un levier stratégique que les RH doivent exploiter pleinement. Sa mise en œuvre judicieuse et adaptée peut transformer une entreprise, la rendant non seulement plus compétitive, mais aussi plus humaine et attractive.

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