6/10/2025

6 taxes locatives à ne pas négliger en 2026

La taxe foncière a récemment occupé le devant de la scène fiscale, tant les hausses ont été marquées dans plusieurs grandes villes françaises. Pourtant, elle n’est pas la seule charge locative pesant sur les entreprises. D’autres taxes, parfois méconnues, représentent un poids considérable dans les budgets immobiliers, et peuvent faire l’objet d’erreurs ou de surimpositions.

Cet article propose un panorama complet des principales taxes locatives :

  • taxes d’urbanisme,
  • taxe sur les bureaux,
  • taxe sur les surfaces de stationnement,
  • taxe d’enlèvement des ordures ménagères (TEOM),
  • taxe sur les surfaces commerciales (TaScom)
  • taxe locale sur la publicité extérieure (TLPE).

L’objectif est de donner aux directions financières, immobilières, fiscales et juridiques une vision claire des enjeux et leviers de vigilance.

Les taxes d’urbanisme

Quelles sont les taxes d’urbanisme ?

Toute opération de construction ou d’agrandissement créant de la surface déclenche des taxes d’urbanisme, principalement :

  • La taxe d’aménagement (TA), qui finance les équipements publics nécessaires à l’urbanisation.
  • La taxe d’archéologie préventive (TAP ou RAP), qui couvre les diagnostics et fouilles archéologiques.

Elles concernent autant les entreprises qui construisent ou agrandissent des bureaux que les acteurs du commerce et de la logistique.

Réforme de 2022 et dysfonctionnements

Depuis septembre 2022, une réforme a modifié en profondeur la gestion de ces taxes :

  • Transfert de compétence des services de l’État (DDT, DDTM) à la DGFIP.
  • Nouvelles modalités de recouvrement.
  • Obligation de déclaration dans les 90 jours suivant l’achèvement des travaux, alignée sur la taxe foncière.

Si la réforme visait la simplification et la dématérialisation, la réalité est tout autre. Un rapport parlementaire de juin 2025 pointe de nombreux dysfonctionnements :

  • Erreurs humaines persistantes : déclarations mal renseignées par les propriétaires ou mal saisies par les agents.
  • Outils automatisés incomplets : incapables de traiter les cas particuliers, avec une efficacité limitée.
  • Perte de données massive : 30 à 60 % des autorisations d’urbanisme ne sont pas correctement transférées via la base Sitadel.
  • Retard de mise en œuvre du module GMBI pour les grands projets, empêchant notamment les dégrèvements en cas d’erreurs.
  • Manque d’agents : sur 290 postes prévus, seuls 118 pourvus, entraînant retards et surimpositions.

La DGFIP estime qu’environ 10 % des autorisations d’urbanisme présentent des anomalies dans le recouvrement, soit près de 30 000 dossiers litigieux par an.

Conséquence pour les entreprises

Résultat : une réforme qui devait simplifier les démarches se traduit par une complexité accrue, des erreurs fréquentes et des surimpositions. Pour les directions financières et immobilières, il est essentiel de :

  • Contrôler systématiquement les avis reçus.
  • Vérifier la cohérence des bases de calcul.

La taxe sur les bureaux en Île-de-France : calcul, barèmes et impacts

Qui est concerné par la taxe sur les bureaux?

La taxe annuelle sur les bureaux (TSB) s’applique en Île-de-France sur :

  • Les locaux à usage de bureaux,
  • Les locaux commerciaux,
  • Les locaux de stockage,
  • Les surfaces de stationnement attenantes.

Elle concerne aussi bien les propriétaires occupants que les locataires exploitants.

Barèmes 2025 : des montants significatifs

Le tarif dépend de la localisation et de l’usage :

  • Bureaux : jusqu’à 25,77 €/m² en 1re circonscription (Paris, Hauts-de-Seine).
  • Locaux commerciaux : 8,84 €/m² dans les zones les plus chères.
  • Locaux de stockage : 5,07 €/m².
  • Surfaces de stationnement : 2,92 €/m².

Ces montants sont indexés annuellement sur l’inflation.

Pourquoi la taxe sur les bureaux est stratégique pour les entreprises ?

Pour une entreprise disposant de plusieurs milliers de mètres carrés en Île-de-France, la TSB représente plusieurs centaines de milliers d’euros par an. Son poids doit être intégré dans toute décision d’implantation, de déménagement ou de restructuration immobilière.

De plus, son lien étroit avec la taxe foncière nécessite un contrôle de cohérence entre ces deux impositions.

La taxe sur les surfaces de stationnement : un coût additionnel à surveiller

Origine et objectif de la taxe sur les surfaces de stationnement

La taxe sur les surfaces de stationnement a été introduite en complément de la taxe annuelle sur les bureaux (TSB) en Île-de-France. Son objectif initial était double :

  • Limiter l’étalement urbain et l’artificialisation des sols en dissuadant la multiplication de grands parkings en zone dense.
  • Favoriser des modes de transport alternatifs en incitant les entreprises et commerces à réfléchir à la gestion de leurs espaces de stationnement et à privilégier les mobilités douces ou partagées.

Cette taxe répond donc à une logique d’aménagement du territoire et de durabilité, mais dans les faits, elle pèse lourdement sur les exploitants disposant de surfaces importantes de parking, souvent indispensables à leur activité.

Son calcul reste différent de celui de la taxe foncière, la aussi un contrôle de cohérence doit se faire afin de vérifier les bases imposables.

Qui est concerné par la taxe sur les stationnements ?

La taxe vise toutes les surfaces de stationnement annexées à des locaux soumis à la TSB. Concrètement, elle concerne :

  • Les parkings d’immeubles de bureaux (stationnement des salariés, visiteurs, clients).
  • Les surfaces de stationnement attenantes aux locaux commerciaux (grands magasins, centres commerciaux, hypermarchés).
  • Les parkings des locaux de stockage lorsque ceux-ci relèvent de la fiscalité sur les bureaux.

Elle s’applique indépendamment du fait que le stationnement soit payant ou gratuit. La simple existence d’une surface affectée au stationnement suffit à déclencher l’imposition.

Modalités de calcul et barème de la taxe sur les stationnements

Comme pour la TSB, le tarif dépend de la localisation :

En 2025, le tarif est fixé à 2,92 €/m² dans les 1re et 2e circonscriptions (Paris, Hauts-de-Seine, parties de la petite couronne).

Il est dégressif dans les zones périphériques : environ 1,40 €/m² en 3e circonscription et 0,70 €/m² en 4e.

Ces tarifs, bien que modestes à première vue, deviennent significatifs dès lors que les surfaces concernées atteignent plusieurs milliers de mètres carrés.

Exemples

  • Entreprise tertiaire : un siège social parisien avec un parking de 5 000 m² paie près de 15 000 € par an uniquement au titre de cette taxe, en plus de la TSB sur ses bureaux.
  • Centre commercial : un retail park de 20 000 m² de parking situé en zone dense est redevable de près de 60 000 € annuels, une charge qui s’ajoute à la TASCOM et aux autres taxes locatives.
  • Entrepôt logistique en périphérie : si localisé en 3e circonscription avec 8 000 m² de stationnement, la facture annuelle avoisine 11 000 €.

La taxe d’enlèvement des ordures ménagères (TEOM)

Principe et modalités de calcul de la TEOM

La TEOM finance le service public de collecte et de traitement des déchets ménagers. Elle est due par les propriétaires mais refacturée dans la quasi-totalité des cas aux locataires via la refacturation de taxe foncière. Son montant dépend de la valeur locative cadastrale des biens.

Évolution des recettes et des taux de la TEOM

  • 2022 : 7,9 milliards € collectés.
  • 2023 : 8,5 milliards €, soit une hausse de +7,8 %.
  • Taux moyen : 9,52 %.

Certaines métropoles ont appliqué de fortes hausses en 2024 :

  • Rennes : +31,3 %.
  • Montpellier : +18,4 %.
  • Lyon / Villeurbanne : +5,3 %.

Les enjeux de la TEOM pour les directions financières

Le décalage entre le service rendu et le montant de la TEOM est une source récurrente de contestations. Pour les grandes surfaces tertiaires, logistiques ou commerciales, la facture peut atteindre plusieurs dizaines voire centaines de milliers d’euros par an. Vérifier les bases et les modalités de refacturation est donc essentiel.

TASCOM (Taxe sur les surfaces commerciales)

Définition et champ d’application de la TASCOM

La TASCOM s’applique aux commerces de vente de produits au détail disposant de plus de 400 m² de surface de vente et réalisant plus de 460 000 € de chiffre d’affaires annuel. Elle concerne donc principalement les grandes surfaces alimentaires, les enseignes spécialisées (ameublement, sport, bricolage, etc.) ainsi que les centres commerciaux.

Elle est due directement par l’exploitant (locataire ou propriétaire exploitant), ce qui la distingue d’autres taxes supportées par le bailleur. La base de calcul repose sur la surface taxable et le chiffre d’affaires déclaré, ce qui en fait un impôt sensible aux évolutions de l’activité et aux erreurs de déclaration.

Poids économique de la TASCOM

En 2018, la TASCOM a rapporté environ 774 millions € aux collectivités locales. Depuis, ce montant reste relativement stable, ce qui en fait l’une des principales ressources fiscales locales liées au commerce. À titre de comparaison, ce produit fiscal représente plusieurs fois le budget annuel de certaines grandes villes françaises, soulignant son poids dans l’équilibre des finances locales.

Ce caractère structurant explique pourquoi la taxe est scrutée de près par les collectivités : elle constitue un levier essentiel de financement, en particulier dans les zones où les grandes surfaces commerciales sont implantées. Pour les entreprises, cela signifie que la TASCOM n’est pas seulement une formalité administrative : c’est un impôt majeur, intégré à la fiscalité locale et susceptible d’évoluer à mesure que les politiques territoriales changent.

Enjeux pour les enseignes

Si le rendement de la TASCOM reste relativement stable au niveau national, son impact microéconomique sur chaque enseigne est considérable. C’est pourquoi les directions financières et immobilières doivent redoubler de vigilance :

  • Exactitude des surfaces déclarées : une erreur de quelques dizaines de m² peut entraîner une surimposition importante.
  • Anticipation budgétaire : l’implantation d’un nouveau magasin doit intégrer le coût de la TASCOM dans son business plan.
  • Exonérations : possibles pour certaines implantations en zones prioritaires ou dans des cas particuliers.

TLPE (Taxe locale sur la publicité extérieure)

Qu’est ce que la TLPE ?

La TLPE est décidée par les communes et concerne tous les supports publicitaires visibles depuis une voie ouverte à la circulation publique :

  • Enseignes lumineuses ou classiques,
  • Panneaux et affichages publicitaires,
  • Préenseignes,

La TLPE : une taxe à géométrie variable

La TLPE n’est pas uniforme : son application dépend étroitement des choix faits par les communes, ce qui crée une forte hétérogénéité sur le territoire. Pour les entreprises disposant de points de vente dans plusieurs villes, cela se traduit par des obligations fiscales différentes, parfois difficiles à harmoniser.

Les tarifs sont fixés librement par les communes, dans les limites fixées par le CIBS, ce qui explique de fortes disparités entre territoires. Une même enseigne peut payer une somme modeste dans une ville moyenne, mais se voir imposer des montants beaucoup plus élevés dans une métropole appliquant des barèmes maximaux.

Des exonérations existent : elles concernent notamment les établissements dont la surface totale d’enseignes est inférieure à 7 m², ou certains supports spécifiques bénéficiant d’un statut particulier. Cette disposition est particulièrement importante pour les commerces de proximité ou les petites structures, qui échappent ainsi à l’imposition.

Au-delà de la taxe foncière, les entreprises doivent composer avec une mosaïque de taxes locales: urbanisme, bureaux, stationnement, TEOM, TASCOM, TLPE. Chacune répond à une logique différente, mais toutes partagent une caractéristique commune : leur complexité et le risque d’erreurs dans leur calcul.

Pour les directions financières, immobilières et fiscales, la bonne gestion de ces impositions est un levier stratégique : réduire la charge, sécuriser les bases, et éviter des surimpositions coûteuses. Dans ce contexte, le recours à un accompagnement spécialisé permet non seulement d’assurer la conformité mais aussi d’identifier des économies substantielles.

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